Le 13 février 2023, la Guinée équatoriale a annoncé l’apparition d’une épidémie de maladie à virus de Marburg (MVM), une fièvre hémorragique rare mais grave et souvent mortelle. Le Cameroun partage une frontière terrestre avec la Guinée équatoriale et les mouvements de population entre les deux pays sont fréquents. En conséquence, la déclaration de la MVM a alerté les autorités camerounaises, ce qui a conduit à l’activation du Centre de coordination des opérations d’urgence de santé publique (CCOUSP). Le CCOUSP coordonne les interventions d’urgence du gouvernement et d’autres partenaires et a déployé deux équipes interdisciplinaires d’intervention rapide dans la zone frontalière méridionale en l’espace de 24 heures.
Des partenariats pour renforcer les systèmes
Depuis le lancement des activités de l’Agenda mondial pour la sécurité sanitaire au Cameroun en 2015, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (U.S. Centers for Disease Control and Prevention, CDC) ont aidé le ministère camerounais de la Santé publique à développer des capacités et des infrastructures de santé publique durables qui ont permis cette activation rapide. Le CDC et l’Agence américaine de réduction des menaces (Defense Threat Reduction Agency) ont fourni le financement et l’assistance technique nécessaires à la mise en place du CCOUSP, y compris la formation du personnel national et régional. En outre, le CDC a soutenu la création et la rénovation du laboratoire national de santé publique dans le cadre du plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (Presidents Emergency Plan for AIDS Relief, PEPFAR). Ce laboratoire assure la direction et l’orientation d’un vaste réseau de laboratoires dans tout le pays afin d’améliorer et d’étendre la capacité d’analyse.
Le CDC collabore également avec le Cameroun pour développer des systèmes de surveillance des maladies afin de mieux détecter et suivre les éventuelles épidémies. Le CDC a aidé le Cameroun à réviser ses définitions de cas pour la surveillance intégrée des maladies et à développer de nouveaux modules de formation pour accompagner la diffusion des nouvelles normes de surveillance. Conjointement, le CDC et le ministère de la Santé publique ont mis en œuvre le programme de formation à l’épidémiologie de terrain au Cameroun (Cameroon Field Epidemiology Training Program, CAFETP) afin d’augmenter le nombre d’enquêteurs sur les maladies qualifiés. Depuis son lancement en 2010, le programme a formé plus de 1 100 épidémiologistes de terrain et collabore avec les pays voisins d’Afrique centrale pour renforcer leurs effectifs.
S’appuyer sur l’expertise de l’ensemble du CDC pour soutenir le Cameroun
Avant la déclaration de la MVM, la réponse à la COVID-19 a testé les capacités du Cameroun et démontré que, avec l’aide du CDC, le ministère de la Santé publique a fait des progrès significatifs dans le renforcement des systèmes de gestion des incidents au niveau des régions et des districts dans tout le pays. Ils surveillent efficacement les tendances des maladies et analysent les données en temps réel, assurent une coordination efficace et mettent en place un personnel de santé publique national et infranational solide. « La COVID est aussi une leçon importante sur la façon dont les ressources des programmes du CDC peuvent être rapidement mises à profit pour soutenir la sécurité sanitaire mondiale », déclare le Dr Mohamed Jalloh, directeur national du CDC au Cameroun. « Par exemple, les améliorations apportées aux laboratoires pour développer et renforcer le dépistage du VIH ont permis l’identification et le suivi de la COVID-19. »

Mise en place d’une réponse rapide à une épidémie potentielle
Ainsi, lorsque la Guinée équatoriale a annoncé l’apparition d’une épidémie de MVM, le ministère de la Santé publique camerounais était prêt à réagir. Outre l’activation du CCOUSP en l’espace de 24 heures, le Cameroun a collaboré avec le CDC et l’Organisation mondiale de la santé pour mettre à jour son plan d’intervention contre la fièvre hémorragique virale afin d’identifier les lacunes et d’élaborer des stratégies pour y remédier. Les résidents du CAFETP ont également été intégrés à tous les niveaux de l’intervention, y compris dans les équipes d’enquête sur le terrain, afin de faciliter l’identification des cas et la recherche des contacts.
En outre, les équipes d’intervention rapide du ministère de la Santé publique ont reçu une formation de remise à niveau pour la réponse aux alertes et des informations sur la possibilité d’une épidémie de MVM au Cameroun. Le CDC du Cameroun a formé 20 résidents avancés du CAFETP à l’utilisation d’équipements de protection individuelle, aux méthodes de recherche des contacts et aux pratiques d’inhumation sûres.
La réussite du partenariat entre le CDC et le ministère de la Santé publique camerounais est évidente dans les réactions initiales et la réponse continue du ministère de la Santé publique à l’épidémie de MVM en Guinée équatoriale. Avec le soutien du CDC, le ministère de la Santé publique camerounais a pu mettre en place des systèmes de gestion des incidents robustes et une main-d’œuvre solide pour répondre aux urgences de santé publique. Malgré le risque élevé de transmission interhumaine dû à la facilité avec laquelle la MVM se propage et aux voyages de routine entre le Cameroun et la Guinée équatoriale, aucun cas n’a été confirmé au Cameroun.